Le thé : tout sur la boisson préférée des Iraniens

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Iran

De la cérémonie du thé japonaise à la théière irlandaise, il y a de nombreuses cultures du monde dans lesquelles le thé est un élément central. Et l’Iran est une de celles-ci ! Au cours de votre voyage en Iran, vous serez surpris de la place qu’occupe le thé et du nombre de tasses que les Iraniens arrivent à boire en une seule journée. (On vous gâche le suspens ? Réponse : une bonne dizaine).

La journée commence invariablement avec une tasse de thé noir et se termine avec une autre. Une autre chose est sûre, tout invité sera reçu dignement avec du thé, que ce soit en apéritif ou devant la télé. En Iran, il n’y a pas de mauvais moment pour une bonne tasse ! Mais comment est-ce que le « tchaï » est devenu si central dans la culture persane ?

 

Une brève histoire du thé en Iran

On considère que c’est au XVIe siècle, durant la dynastie safavide (1501 – 1722), que la tradition du thé est entrée dans le pays. Jusqu’à lors, les qahve khanehs, les maisons de café situées sur la Route de la soie qui reliait la Chine à l’Europe en passant par Mashhad et Tabriz, servaient du café, qui était très apprécié, mais considéré comme un médicament tonique. Cultivé d’abord exclusivement au Yémen puis en Éthiopie, le café était devenu de plus en plus difficile à trouver, pour être peu à peu remplacé par le thé vert, plus raffiné, dont non seulement les feuilles étaient importées directement de Chine, mais aussi la riche culture qui l’accompagnait.

Tandis que les relations se tendaient entre la Perse et la Turquie, grande consommatrice de café, les Safavides nouèrent une entente cordiale avec la Russie, grande amatrice de thé. Leur opposition mutuelle à l’Empire ottoman fit croître le commerce entre la Perse et la Russie et il ne fallut que peu de temps pour que les diplomates russes commencent à offrir des samovars aux hommes d’État perses et à les initier à leurs propres coutumes en matière de thé. Mais là encore les relations s’envenimèrent à la suite d’une série de guerres entre les deux puissances, culminant par l’occupation par la Russie du nord de la Perse au titre de la Convention anglo-russe de 1907. Mais la passion des Perses pour le thé était déjà bien ancrée et le thé noir à la russe a subsisté et subsiste encore aujourd’hui.

 

La culture du thé perse

Il y a sans doute un samavar dans tout foyer iranien. Il s’agit d’un chauffe-eau traditionnel, avec une colonne en métal en son centre, que l’on maintenait chaud autrefois avec du bois ou des braises (mais qui est maintenant principalement électrique), et qui est conçu pour assurer une provision d’eau chaude pour toute la journée, directement au robinet, ce qui en fait le compagnon idéal pour une journée à boire du thé. Au sommet trône une petite théière, souvent avec des fleurs rouges, que le samavar garde au chaud et qui est pleine de thé concentré, à diluer avec l’eau chaude juste en dessous. Similaires aux samovars russes, les modèles perses traditionnels présentent toutefois des formes qui leur sont propres, certains étant faits à Borujerd en cuivre ou maillechort. De nos jours, les foyers iraniens ont souvent un samavar moderne en inox posé sur le poêle ou la cuisinière, qui ressemble plus à deux théières l’une sur l’autre.

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Près de 100 000 tonnes de thé sont consommées annuellement en Iran ; avec une population de 85 millions d’habitants, cela place le pays uniquement derrière la Turquie et l’Irlande (mais devant le Royaume-Uni et la Russie), avec une consommation par personne de 2 kg par an. Les deux tiers environ sont produits dans le pays, surtout dans la région de Giran, au sud de la Caspienne, et l’on trouve plus d’une centaine de plantations de thé sur les pentes du mont Damavand, le plus haut sommet d’Iran. La première tentative de culture de plants de thé en Iran remonte à 1882, avec des graines importées d’Inde, mais ce fut un échec. En 1899, le diplomate iranien Kashef Al-Saltaneh fit une deuxième tentative en passant illégalement 3 000 plants venus de Kangra, dans le nord de l’Inde, pour établir des plantations qui produisent encore aujourd’hui une grande partie du thé d’Iran.

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Mont Damavand - source : canva

 

Le thé en sachets n’existe pas ici. En plus des feuilles en vrac de Jahan, en Iran, les thés noirs d’Inde sont aussi très appréciés et constituent le tiers restant de la consommation nationale, souvent importé de Darjeeling, mais aussi d’Assam, dont les variétés plus robustes sont de plus en plus populaires. Le thé en Iran est parfois parfumé de pétales de rose séchés, de safran, de cannelle et de cardamome, en particulier après un repas, et on le sert dans des verres transparents appelés estekan, pour qu’on puisse en admirer la robe rouge-brune. Tout comme l’étymologie du mot samavar, le nom de ces verres montre l’importance de la Russie dans la culture du thé iranienne, puisqu’il vient du mot russe stakan. Le thé ne se boit jamais avec du lait en Iran. Ni même avec du sucre, si ce n’est au petit déjeuner. Mais si vous désirez en adoucir la saveur, vous pourrez prendre un dé de sucre, appelé khand ou ghand en farsi, pour le tremper dans votre thé et le tenir entre les dents, selon une ancienne tradition russe.

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Thé noir indien - source - canva 

 

Dans une maison iranienne, le samovar peut être en service tout au long de la journée, surtout le vendredi, jour où des invités peuvent venir à tout moment. Et on prend alors le thé très au sérieux. Ce n’est que lorsqu’il a les bonnes couleurs, température, force et saveur qu’il est prêt à servir. Par politesse, on rend souvent le premier verre pour le remettre dans la théière, pour que la couleur soit uniforme et qu’il infuse un peu plus. Les Iraniens adorent boire le thé brûlant. Il est souvent accompagné de sucreries, telles que des dattes, des mûres séchées, des raisins secs, des baklavas, du gaz, une sorte de nougat à la pistache, des biscuits de pois chiches ou nabât, du sucre candi au safran ou ranginak, des barres de datte au glaçage à la cannelle et cardamome recouvertes de pistaches broyées. Vous vous verrez peut-être offrir un nan-e-berenji, un biscuit sans gluten à base d’œufs, de farine de riz, de safran, de cardamome et d’eau de rose, du qottab aux amandes et aux noix ou des gâteaux kolompeh aux dates, cardamome et pistache. Si vous êtes reçu pour le thé, il est poli de remercier votre hôte au moment de recevoir votre thé par les mots suivants : « Dastet dard nakon », littéralement « Ne vous blessez pas la main ».

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Samovar - source - canva 

 

Pour toujours avoir du thé à portée de main, on emmène volontiers son samovar partout où l’on va : en randonnée, en sortie à la journée ou en pique-nique. Le samovar à braise est alors bien utile, pour l’utiliser directement sur le feu ou sur les braises. Une autre option est de vous rendre dans la maison de thé la plus proche, appelée chaikhaneh, pour un verre ou deux accompagnés d’une pipe à eau ghalian tout en admirant peut-être des fresques murales racontant les histoires épiques du Shahnameh. En guise de tables, vous aurez un takht, un long banc couvert de tapis et de coussins, vous invitant à vous reposer pendant que vous dégustez votre thé à volonté. Lorsque vous en aurez bu assez et que vous ne souhaitez plus être resservi, il vous suffira de poser votre verre à l’envers.

 

Une des maisons de thé les plus populaires de Téhéran est aussi l’une des plus anciennes et plus petites, une niche dans une allée du Grand Bazar, qui sert, en plus du thé noir traditionnel, un « thé de la gentillesse » à la menthe, au citron et au safran.

C’est d’ailleurs sûrement bien l’aspect le plus important de la culture du thé iranienne. Si le thé est bien une boisson quotidienne fréquente et régulière, c’est le moment de rencontre qui en fait un pilier de la culture perse. Car une joie partagée en vaut deux !

 

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